Les 22 BD, mangas et comics préférés des critiques du « Monde » en 2023


LA LISTE DE LA MATINALE

Les journalistes du Monde qui écrivent sur la bande dessinée, le manga et les comics vous proposent une sélection de leurs albums préférés parmi ceux parus au cours de l’année 2023. Une liste de vingt-deux titres dans laquelle piocher pour faire plaisir à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Les choix de Pauline Croquet

« Evol », vol. 1 : désespoir adolescent et héroïsme véreux

Pourfendeur de l’hypocrisie et fin observateur de ses contemporains, Atsushi Kaneko explore les ressorts du manichéisme dans cet intrigant récit aux contours super-héroïques. Ranimés à la suite d’une tentative de suicide, trois adolescents japonais y reçoivent des pouvoirs surnaturels. Incompris et sous pression, ils s’apprêtent à jouer la seule partition que la société leur accorde, celle des méchants nihilistes. A leurs trousses : deux héros aux pouvoirs héréditaires vêtus de cape et de masque, adulés, bien qu’à la solde de politiques véreux. Au-delà des dehors punk auxquels on le réduit souvent, Kaneko parvient à sonder les malaises et les aberrations sociétales. Evol« Love », à l’envers, comme le disque de Sonic Youth – se pare de toute l’énergie graphique de l’artiste. Nerveuse à souhait, sa série flirte avec les codes des comics américains et s’épanouit pleinement dans le registre noir et blanc du manga.

D’Atsushi Kaneko, traduit du japonais par Sébastien Ludmann, Delcourt, 272 p., 20 €.

« Mars » : romance sinueuse

Pépite shojo dessinée à la fin des années 1990, Mars raconte le rapprochement sentimental entre deux lycéens ébréchés par la vie : Kira, jeune fille introvertie tourmentée par ses camarades, et Rei, le bad boy inconséquent et fan de moto. Archétypale et dramatique, la trame est sublimée par l’autrice, Fuyumi Soryo, dans sa capacité à suggérer les sentiments non dits, les élans affectueux et les témoignages de loyauté entre deux personnes que tout sépare, pavant ainsi de lumière un chemin romantique tortueux.

De Fuyumi Soryo, traduit du japonais par Xavière Daumarie, Panini, 378 p., 16, 99 €.

« Blank Space » : l’imagination pour surmonter la cruauté

Histoire d’amitié naissante entre deux ados marginales à l’imagination débordante, l’expansive Shoko et la discrète Sui, Blank Space flirte aussi avec la chronique d’une catastrophe annoncée. A fortiori quand le lecteur comprend que le pouvoir de Sui – générer de façon magique des objets invisibles mais fonctionnels – va bien au-delà de la fabrication d’un parapluie et permet à la jeune fille, victime de harcèlement scolaire, de matérialiser son malaise et sa sourde colère. Dans ce court récit en trois tomes, la mangaka Kon Kumakura se montre particulièrement inventive et habile pour dévoiler l’invisible.

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